top of page
Photo du rédacteurNaoki

Être un gros lard et rouler jeunesse !

Être « gros » et vivre sa vie d’adulte est déjà un sacré défi en soi. Vêtements, regards, estime de soi, s’affirmer en société, légitimité,… Mais être "gros" et enfant, je vous raconte pas la difficile odyssée que cela peut être. Et les responsables de notre détresse mentale ne sont pas toujours ceux que l'on pense être.


 

Eric Cartman, célèbre personnage de la série d'animation "South Park"

Ce que je vais partager avec vous dans cet article se base en grande partie sur ma propre expérience. Le fait d'être en surpoids ou en obésité, voire en obésité morbide sera vécu de bien des manières selon chacun. Les situations sont aussi multiples qu'il n'y a d'individus concernés. Cependant je vais également évoquer certains points ou expériences qui peuvent être des dénominateurs communs.



Pourquoi es-tu gros au juste ?

J'ai longtemps été gros, en surpoids, frôlant l'obésité. Pourquoi ? Et ben j'en sais rien ! Et c'est la réponse qui nous vient instantanément à l'esprit. En réalité il s'agit presque toujours de causes multiples ou bien d'un événement déclencheur suffisamment marquant pour entraîner une réaction en chaîne, voire le cumul d'événements. Une inertie devenant si forte qu'elle finit par nous submerger complètement. En tout cas, on enfouit toujours nos raisons et la nourriture constitue un excellent sort d'oubliette. Il s'agit d'un véritable traitement de l'âme, une sorte d'analgésique dont la posologie est lourde mais addictive, et surtout éphémère.

Nous avons nos raisons d'être devenus plus imposants. Et si elles ne semblent pas toujours évidentes pour autrui, il est important de noter qu'elles ne le sont pas toujours pour nous-mêmes. Et quand bien même, il n'est pas toujours aisé de l'admettre.

Il est notable ici que je mets sciemment de côté les causes génétiques (notamment le rôle du gène PCSK1 qui jouerait peut-être un rôle dans la maturation de certaines hormones liées au contrôle de la prise alimentaire), endocrinologiques (dérèglement du système hormonal) ou sociologiques pour me focaliser sur les facteurs psychologiques de la prise de poids, ainsi que le manque d'activités physiques chez l'adulte comme chez l'enfant.


Je suis en chair et graisse ! Et alors ?

Dans le cas où, ayant baissé les bras, on essaie pas de se leurrer soi-même, il est sûrement possible d'être obèse et de s'accepter tel qu'on est. Et tant mieux si c'est le cas. La réelle paix intérieure n'a pas de prix, et ce que l'on soit mince ou non. Je suis pour la rondeur et les courbes. Je suis pour remplacer tous ces mannequins qui se privent, par des mannequins plus en chair voire davantage; changer les complexes véhiculés par les médias. Et tant pis si sans cette maigreur universelle ça rend la création plus difficile aux designers ! Je suis pour l'acceptation de soi. Qu'une femme ou un homme soit belle ou beau de la façon dont il ou elle l'entend. Bien-sûr ! Mais pas au mépris de leur santé. Car on parle également d'obésité.


Evolution de l'obésité en France de 1981 à 2016. Enquêtes reportées par l'INSEE.

15% de la population en France est considéré comme obèse et cela peut être préjudiciable pour leur santé. Alors que le taux d'obésité infantile est tout aussi significatif.


Être enfant et "gros" justement… venons-en au fait !

S'il n'est pas aisé pour un adulte de repérer les causes de son obésité ou de son surpoids, ça l'est encore moins pour un enfant. L'enfant est intelligent bien-sûr mais ne se connaît pas autant qu'un adulte et songe moins aux causes et aux conséquences. Et ce qu'il ne comprend pas, il le ressent. Cela suffit à mettre en place des mécanismes de compensation par la nourriture et petit à petit un manque d'activités physiques survient, qui peut également être dû à un retrait progressif des interactions sociales avec ses semblables.

Nous savons le plus souvent qu'un enfant n'a ni filtres ni diplomatie. Et cela devient souvent un enfer que de s'exposer aux autres enfants et à leur franchise.

A tout cela il faut ajouter la tendance à manger moins bien et à se sédentariser (moins de marche pour aller à l'école, moins d'activités en extérieur, etc) ou une situation familiale jugée instable ou traumatisante par l'enfant et vous augmentez les chances de son obésité. Nous parlerons de toutes les causes de l'obésité infantile et des recommandations de l'OMS afin d'éviter tout cela dans un prochain article.

De l'importance de la famille et des moqueries

On songe le plus souvent à la cruauté des enfants entre eux comme, non pas cause, mais facteur aggravant. Mais cela peut également provenir de sa propre famille et là, ça se gâte fortement. Si les moqueries externes à la famille sont sans nul doute éprouvant pour l'enfant, les moqueries provenant du sein même du foyer constituent un facteur aggravant beaucoup plus important. Le foyer, même s'il peut parfois être l'une des causes psychologiques de l'obésité infantile, est toujours considéré par l'enfant comme son abri moral. Si pas toujours soutenu par sa famille, il peut au moins s'y réfugier. Sans même ce répit c'est un tourment sans fin que vivra l'enfant. Il pourra être diminué quotidiennement par des frères ou des sœurs un peu trop taquins, un seul suffit en général. C'est un procédé efficace et redoutable pour persuader l'enfant qu'il ne vaut pas mieux que ce qu'il pense de lui-même, voire moins. Et il va ainsi de plus en plus s'approcher de l'image qu'il pense que les autres ont de lui.

Parfois en voulant faire le bien on fini par faire tout le contraire. Désespérés, certains parents pourront essayer des phrases choques afin de créer un déclic chez l'enfant. C'est en quelque sorte équivalent à le prendre par le col pour le secouer un bon coup. Mais ce n'est pas la solution et le résultat est souvent à l'opposé de celui recherché. En effet, il ne faut pas oublier que l'enfant ressent ce qui ne va pas mais souvent ne le comprend pas. Il n'analyse pas son mal comme un adulte pourrait le faire et se recadrer suite à un déclic. En voulant son bien par une méthode perçue par les parents comme plus "vigoureuse", on fini par aggraver la situation et l'état de détresse de l'enfant, qui se tournera toujours plus vers ses habitudes de compensation pour s'évader de cette situation.


 

Au final...

Au final le soutien infaillible de la famille permettra à l'enfant d'avoir une bulle de bien-être dans laquelle il peut baisser sa garde, car c'est extrêmement fatiguant que de jouer le visage du bien-être à l'extérieur et ce sans cesse. Sans ce soutien, il n'aura aucun moment de répit. Il faut l'amener petit à petit vers le changement et cela ne se fait pas en quelques jours. Il s'agit d'un long processus avec des hauts et des bas. Il faut petit à petit instiller la confiance en étant confiant pour lui et montrer qu'on y croit, bien que lui n'y croit peut-être pas encore. En tant qu'enfant obèse, on se sent isolé et peu légitime face à ses ambitions refoulées.

Mais au final le plus dur c'est définitivement pas de vivre avec les autres, mais avec soi-même. Car l'acceptation est un luxe que beaucoup d'entre nous ne peuvent se permettre.

Même si je ne coach pas d'enfants, j'ai tenu à aborder ce sujet dans ce premier article car cela me tenait à cœur. De part mon vécu. Je voulais partager ça avec vous, lecteurs. Que vous ayez été dans cette situation ou non.

40 vues0 commentaire

Comments


bottom of page